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Le Solublog
18 mai 2010

Et si les crises permettaient de changer le monde ?

Cela fait maintenant plusieurs semaines que le pétrole s’échappe des entrailles de la planète à mesure de plusieurs milliers de litres par jour, et plusieurs réflexions me parviennent à l’esprit :

La première est assez désolante mais significative : Les médias semblent aujourd’hui se désintéresser, voire s’être déjà lassés de ce qui se présente comme la plus grande catastrophe écologique – d’origine humaine - de tous les temps. Les dégâts écologiques actuels et futurs seront sans précédent. Et pourtant, les unes des journaux télévisés titrent maintenant sur d’autres sujets. Bon d’accord, l’économie de l’Europe a choisi le même moment pour sombrer, ce qui vient illustrer le fameux adage « une crise chasse l’autre »…Mais la sélection de l’équipe de France de Foot est elle plus importante que la survie de centaines d’écosystèmes et la destruction simultanée de pans entiers de l’économie américaine ? Est ce une crise si tel ou tel joueur ne pourra pas courir après un ballon en Afrique du Sud ? Il faut le croire…

La seconde concerne la communication de BP. BP a réagi comme la majorité des grandes entreprises face à ce type de méga-crise, hélas dirait on. On a assisté à une succession de stratégies variées plus ou moins mal choisies. D’abord, un certain silence, fort heureusement de courte durée, ensuite l’absence d’une annonce claire de prise de responsabilité, puis une communication sur les mesures tangibles techniques en oubliant tout un pan indispensable de la communication de crise.

Plusieurs erreurs dans la communication de BP sont en effet à noter :

- Ils n’ont pas fermement et clairement annoncé publiquement qu’ils reconnaissaient leur unique responsabilité, qui est pourtant évidente, laissant le président des Etats Unis rappeler qu’ils étaient seuls responsables.

- Le porte parole de BP a pris du temps avant de s’exprimer alors que la situation était déjà très grave. Le silence, même de courte durée, est toujours la plus mauvaise option, et la gravité de la crise doit être proportionnelle aux temps de parole de l’entreprise.

- Quand BP s’est enfin exprimé, par la voix de son PDG, celui-ci nous a expliqué d’un ton morose les détails techniques de l’opération de sauvetage. Et c’est bien là que se situe le problème de la communication de BP, c’est qu’il n’y a aucune humanité : aucune empathie dans le ton et le regard du porte parole, pas d’excuses pour tout ce gâchis présent et à venir, pas de message destiné aux victimes, aux amoureux de la nature, aux pêcheurs de la côte, aux enfants qui ne pourront pas se baigner dans la mer cet été…

Cette communication est tellement technique que je me suis surprise à admirer ces superbes images de synthèse qu’on voit le soir au journal télévisé expliquant les opérations au fond de la mer. Je me suis dit : « ils mettent les moyens en com, quel bel effort ! », alors qu’on ne voit jamais un expert de BP pour nous l’expliquer les yeux dans les yeux. De même, la communication concernant les mesures est axée uniquement sur des mesures financières, indispensables certes, mais pas suffisantes devant un tel cataclysme. Il faut aussi des mesures propres à satisfaire les attentes des victimes…et de la nature, et elles ne sont pas forcément financières.

C’est la troisième réflexion qui me vient à l’esprit : le travers des grandes entreprises est souvent de supprimer toute humanité dans leur communication, c’est tellement plus facile de la remplacer par des images 3D ou des annonces de pluies de dollars. Mais tellement moins efficace quand il s’agit de travailler sur la réputation de l’entreprise. Car il ne faut pas être devin pour prédire que BP va au devant de grands problèmes de réputation. Surtout si le président des Etats Unis ne pardonne aucun travers à l’entreprise comme c’est ce qui semble se passer.

Ma quatrième réflexion relève de la fiction économique, mais ça ne coute rien d’y penser. Et si cette méga-crise était le début de la fin pour BP ? Le remboursement de la totalité des dommages par BP ne va t’il pas entrainer l’entreprise dans une faillite financière ? De même, l’activité de BP reposant principalement sur l’exploitation de plateformes offshore, si l’entreprise s’apercevait qu’elles ne sont pas si fiables qu’elles le paraissaient (puisqu’après tout, elles s’effondrent et on ne peut pas les restaurer) et décidait de liquider son activité, poussée peut être par un éventuel boycott des stations service BP par les consommateurs (indignés par les conséquences de la marée noire). Pourquoi pas ?

Et si c’était aussi, par effet domino (les assureurs se rebiffant), le début de la fin de l’exploitation offshore du pétrole en général ? Bien ennuyeux, il n’y aurait presque plus comme producteurs de pétrole que des pays instables politiquement.

Et si on tombait vraiment en rupture de pétrole ?

Et si cette réelle pénurie nous obligeait à radicalement changer notre manière de consommer, de construire nos véhicules, faire marcher nos navires, tourner nos usines ?

Et si cette crise changeait le monde ?

 

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